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Enseignements  de l'imam Abu Hamid

Al-Ghazali

Oh mon fils, je vais te résumer le conseil en huit points   

- quatre renoncements et quatre actions -

afin que ta science ne soit pas ton adversaire ni une preuve contre toi au jour de la résurrection.

Les quatre renoncements

I ) Le premier consiste à renoncer autant que possible aux discussions et aux débats contradictoires, car il génère de nombreux vices, et parce que leurs inconvénients dépassent leur avantage. Ces choses sont la source de tous les comportements blâmables comme l'ostentation, la rancune, l'orgueil, l’hostilité, la flatterie, etc. S'il y a entre toi et une personne un différent et que tu veuilles en discuter avec lui pour que la vérité éclate, il est permis que tu fasses une recherche sur ce sujet, mais avec cette bonne intention.

 

Il y a deux signes qui te permettent de savoir si ton intention est sincère :

- Ton intention est sincère si ce qui t'intéresse et uniquement l'établissement de la vérité, et qu'il t'importe peu que la vérité sort de la bouche de ton adversaire ou de la tienne. Au contraire, tu préfères que la vérité sorte de la sienne afin qu'il admette, car si elle procédait de toi, il lui serait moins facile de l’accepter.

- Tu préfères chercher en toute discrétion plutôt qu'en public. Si tu dis quelque chose à une personne, sachant que la vérité est de ton côté et que celle-ci s'en moque, prends garde à ne pas argumenter avec elle ! Arrête de discuter avec elle, car cela conduit à l'isolement, qui ne procure aucun avantage. Laisse-moi te mentionner un avantage de ce comportement :

Sache que celui qui interroge sur des choses compliquées et comme le malade qui expose ses souffrances aux médecins, et que celui qui répond aux choses compliquées est comme le médecin qui tente de soigner le malade. Les ignorants sont les malades et les savants sont leurs médecins. Le savant déficient n'est pas le bon médecin pour les ignorants celui qui guérit les malades est le savant parfait, celui dont on espère qu'ils connaissent la réalité de la maladie. Il se peut que la maladie soit très grave, incurable, et alors l’habileté du médecin consiste à ne pas s’entêter à trouver un remède…

Sache qu'il y a quatre types de maladie de l’ignorance : trois d'entre elles sont incurables et une seule est curable. 

Le premier type, incurable : c'est quand la question où l'opposition sont engendrées par la jalousie. Or, la jalousie est une maladie incurable. Sache que chaque fois que tu réponds à ce type de personne ignorante, quelles que soient la beauté et la clarté de tes réponses, cela ne fait qu'augmenter sa jalousie, et celle-ci ne fait qu'augmenter son orgueil. Voilà pourquoi tu ne dois pas te soucier de lui répondre. Combien sont belles les paroles du poète qui a dit :

« On peut espérer que toute hostilité cesse.

Sauf celle de celui qui t’est hostile par jalousie. »

Ce qu'il faut faire dans ce cas, c'est le laisser avec sa maladie et t'éloigner de lui, conformément à la parole de Dieu : « Écarte-toi donc de celui qui tourne le dos à notre rappel et qui ne désire rien d'autre que la vie de ce monde ! » Si tu t'occupes de lui et si tu tentes de le soigner, tu lui alimenteras le feu de sa jalousie, qui rabaisse les œuvres, conformément à la tradition prophétique : « La jalousie dévore les bonnes actions comme le feu dévore le bois. »

Le deuxième type, incurable : c'est quand la maladie procède à la stupidité, et cela est incurable, conformément à la parole de Jésus que la paix soit sur lui : « J'ai été capable de revivifier les morts, mais j'étais incapable de corriger les stupides ». Le stupide est celui qui s'est intéressé deux ou trois jours à la science et, qui ne s'est jamais occupé de sciences rationnelles, mais qui osent critiquer et réfuter des savants qui ont passé toute leur vie à acquérir des connaissances. Il ne sait pas que le petit étudiant qui contredit un grand savant fait preuve d'ignorance et de manque de connaissance. Par stupidité et manque de connaissance, ce genre de personne ne connaît pas son rang ni celui du savant. Tu dois t'éloigner de lui et de ne pas répondre à ses questions.

Le troisième type, incurable : c'est quand la personne qui interroge et qui demande à être guidée n'est pas apte à comprendre les discours des grands savants, car elle est incapable de comprendre ce genre de choses. Elle interroge sur des choses profondes dont elle est incapable de saisir la réalité. Tu ne dois pas essayer de lui répondre, conformément à la parole du prophète (paix et bénédiction sur lui) :      « Nous les prophètes, avons reçu l'ordre de parler aux gens à la mesure de leur compréhension ».

Le quatrième type : c'est l'individu qui demande à être guidé, qui est intelligent, sensé raisonnable, qui n'est pas dominé par la colère, la passion, la jalousie, ni par l'amour de l'argent et du Prestige, et qui cherche la voie de Dieu, mais sans entêtement. Il est possible de guérir ce malade ; il convient de lui répondre virgule et c'est même une obligation.

II) Tu ne dois prêcher et appeler les gens à Dieu que lorsque tu auras connaissance de ce que tu déclares et que tu réfléchiras avant de parler. En effet, il est rapporté que Dieu a dit à Jésus que la paix soit sur lui : « O fils de Marie prêche à toi-même ! Quand tu auras prêché à toi-même, tu pourras prêcher aux gens. Sinon tu dois faire preuve de pudeur devant moi ». Lorsque tu auras agi ainsi et que Dieu te soumettra à l'épreuve de la prédication, tu dois prendre garde à deux choses :

- Tu dois éviter l'affectation lorsque tu t'exprimeras par des expressions, des allusions, des locutions propres au Soufis, ou des poèmes, car Dieu exalté soit il considère que les gens qui tiennent des propos affectés son ses ennemis : en effet, l'affectation de l'individu est un signe de sa ruine intérieure et de l'insouciance de son cœur, et cela, bien que le but de la prédication et du rappel soit de rendre présent aux auditeurs les souffrances de l'autre monde et les conséquences de la négligence dans le service du seigneur. Médite sur le temps passé et sur les obstacles qui t'attendent sur la route, de sorte que tu quittes ce monde avec la sécurité de la foi, et que tu te sauves de la « saisie effroyable » de l'ange de la mort et que tu saches quoi répondre lorsque Nakir et Munkar te soumettront à l'interrogatoire.

- Médite également sur les épouvantes du jour de la résurrection, ses différentes phases, son jugement, ainsi que sur la balance, la traversée du pont, le feu et ses malheurs ! Voilà ce dont tu dois te souvenir et ce que tu dois rappeler aux gens. Tu dois attirer leur attention sur leurs négligences leurs imperfections, afin de susciter la peur et la chaleur du feu et de ses malheurs dans le cœur des gens présents à cette assemblée ; et pour qu'ils se souviennent du temps qu'ils ont perdu, qu'ils aient des remords et regrettent d'avoir perdu leur vie à faire d'autres choses au détriment de l'obéissance de Dieu. Les choses et les modalités mentionnées plus haut constituent un sermon, mais doivent être dites sans affectation dans les discours et sans recours aux figures de style, etc. Car le prédicateur et comme le père de famille quand une inondation torrentielle s'annonce et qu'il craint que sa maison s'effondre et que ses enfants se noient, ils crient « Attention ! Attention ! O ma famille fuyez car le torrent approche ! »

 Dans ces moments-là l'homme ne pense pas aux expressions de style, à l'éloquence et aux allusions C'est ainsi que le prédicateur doit être.
Durant ton sermon, tu ne dois pas te laisser influencer par les pleurs, les cris, les sanglots des gens présents qui disent : 
« Ce prédicateur est excellent et sait tenir les assemblées ! ». Ce sentiment qui pourrait naître dans le cœur du prédicateur et en fait engendré par la distraction. Dans son sermon, le prédicateur doit plutôt réfléchir à la chose suivante : comment détourner les gens des choses de ce bas monde et les tournées vers l'autre monde, et comment les faire passer de la désobéissance à l'obéissance, de l'insouciance à l'éveil, de l'illusion à la crainte de Dieu ! Il doit également leur parler d’ascète et de servitude ; leur faire examiner si leurs désirs sont contradictoires avec l'agrément de Dieu ou non. Examinés si leurs cœurs ont un penchant pour des choses interdites par la loi révélée ou non… Examiner leurs comportements blâmables et leurs comportements louables et voir lequel l'emporte chez eux… Le prédicateur doit susciter l'espoir chez celui qui est dominé par la peur et il doit susciter la peur chez celui qui est dominé par l'optimisme, de manière à ce que lorsque les gens quittent l'assemblée, ils ne leur restent plus de disposition intrinsèque et extrinsèque blâmables, qu'il se caractérisent par les qualités louables, qu'ils désirent et s'attachent aux actes d'obéissance qu'ils accomplissaient jusque-là avec paresse et lassitude, qu'il déteste les actes de désobéissance auxquels ils étaient attachés. Tout sermon qui ne contient pas au moins ces éléments est une cause de malheur pour le prédicateur et son auditoire. Pire, le prédicateur n'est alors qu'un monstre ou un démon qui égare les gens de la voix de Dieu et qui cause leur perdition éternelle. Les gens doivent fuir ce genre de prédicateurs, car même les démons ne pourraient pas corrompre autant que lui. Ainsi, celui qui en a le pouvoir doit faire descendre un tel personnage de la chaire (minbar), car cela fait partie de l’exhortation au bien et de l'interdiction au mal.


III) Tu ne dois pas rechercher les bonnes grâces des rois des princes et des gouverneurs. Tu ne dois pas les fréquenter, t'asseoir en leur compagnie ou les regarder, car leur fréquentation et leur compagnie entraîne de nombreux fléaux. Si tu es contraint de les voir et de t'asseoir en leur compagnie, ne fais pas leurs éloges et leurs louanges ! S'ils viennent te rendre visite, tu dois agir de la même manière, car Dieu se fâche quand on fait l'éloge d'un débauché et d'un oppresseur. Celui qui prie Dieu d’allonger la vie d'un oppresseur aime qu'on désobéisse à Dieu sur terre sur sa Terre.


IV) Tu ne dois rien accepter d’eux, même s'il s'agit d'une chose licite. Convoiter leur richesse est d'une cause de corruption de la religion. Il en est de pour le fait de les flatter, et les charmer, de gagner leur sympathie et d'accepter leur oppression. Tout cela nourrit leur débauche et leur corruption et cause la perdition dans la religion. Le moindre mal, c'est que tu les aimes, car celui qui aime une personne lui souhaite une longue vie. Or souhaiter la longue vie d'un tyran, c'est souhaiter que sa tyrannie et le chaos dans le monde durent… Nous demandons à Dieu la sécurité, en sorte que tu évites que le démon t’égare loin de la voie de la vérité. En effet, le démon te suggère d'accepter l'argent des rois, des princes et des gouverneurs. Pour te convaincre, il te dit qu'avec cet argent, tu pourras aider les indigents et soulager de nombreux pauvres. Ainsi, tu le dépenseras pour les nécessiteux et dans la voie du bien alors que les gouvernements dépensent cet argent dans la débauche et la luxure, et c'est de cette manière qu'il fait répandre le sang de nombreuses créatures.


Les vices de la cupidité sont nombreux et je les ai mentionnés dans la revivification des sciences de la religion.


Oh mon fils voilà donc les renoncements auxquels tu dois te tenir.

 

Les quatre actions

Quant aux quatre choses que tu dois exécuter, ce sont les suivantes :


I) Tu dois accomplir ce que Dieu exalté soit-il t'a ordonné, comme quand tu aimes que ton serviteur fasse ce que tu lui ordonnes et que tu es satisfait de lui de même tout ce que tu n'aimerais pas que ton serviteur fasse, tu n'aimerais pas que ton âme le fasse dans la réalisation de ta servitude vis-à-vis de Dieu. Ceci étant, ton serviteur ne t'appartient pas en vérité, car tu l'as acheté avec de l'argent alors que toi, tu es vraiment le serviteur de Dieu, car tu es créé pour lui et qu'il est ton Créateur.


II) Tu dois te comporter avec les gens comme tu aimerais qu'ils se comportent avec toi. L’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur lui) a dit « La foi du serviteur n’est complète que lorsqu'il aime pour les gens ce qu'ils aiment pour lui. »


III) Tu dois t'occuper de la science utile concrètement et dans la réalité, et c'est celle dont tu t’occuperais pleinement si tu savais qu'il te restait une semaine à vivre. Tu ne t'occuperais que de la science utile, et pas de grammaire, de morphologie, de science médicale, etc. Car tu sais que ces sciences ne te seront d'aucun secours dans l'au-delà. Tu t'occuperas donc du contrôle de ton cœur et de la connaissance de ses qualités : tu t’attelleras à le laver des dispositions blâmables et des attaches avec ce bas monde, tu le rempliras de belles dispositions et d'amour du Vrai (al-Haqq) et tu te consacreras à l'adoration de Dieu.


Oh, mon fils écoute une seule parole médite sur sa vérité et œuvre avec, tu y trouveras ton salut et ta délivrance : si on te disait par exemple que le roi à l'intention de te rendre visite cette semaine, je sais que dans cette semaine tu ne t'occuperas plus rien d'autre que d'arranger d'embellir les choses que tu sais que le roi regardera. Si tu as saisi ce que nous avons mentionné, tu as réalisé que la priorité est d'améliorer, d'embellir le lieu que tu sais que Dieu regardera à savoir le cœur. L’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur lui) a dit « Dieu ne regarde pas vos formes ni vos actions, mais il regarde vos cœurs et vos intentions.» Si tu veux connaître la science des états des cœurs, cherche là dans mon livre la revivification des sciences de la religion et mes autres ouvrages. La science dont nous parlons ici est une obligation qui incombe à tout musulman ; quant aux autres sciences, elles sont un devoir qui incombe à la collectivité, jusqu'à ce qu'elles aient les connaissances suffisantes qui lui permettent d'exécuter ce qui est ordonné et d'éviter ce qui est interdit.

IV) Tu dois constituer des réserves de nourriture pour ta famille et celles-ci doivent suffire une année de subsistance et pas plus, car le prophète (paix et bénédiction sur lui) a dit à ses épouses : « Oh mon Dieu fait que les moyens de subsistance de la famille de Mohammed soit suffisant.» Mais il n'a pas dit cela à toutes ses épouses. En fait, il l'a dit à celle dont la certitude n'était pas inébranlable, mais non à celle qui était aussi forte qu'Aïcha, que Dieu soit satisfait d'elle, car cette dernière ne s'inquiétait pas de la nourriture d’une année, ni d’un jour.


 

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