Disparition de Maryse Condé
L'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé nous a quittés dans la nuit de lundi à mardi, à l'âge de 90 ans, après avoir mené toute sa vie un combat pour sa liberté et pour l'exploration des identités antillaise et noires. Récompensée en 2018 par le prix de littérature de la Nouvelle Académie, elle laisse derrière elle une œuvre magistrale qui, avec un langage des plus précis, dépeint les ravages du colonialisme et le chaos du postcolonialisme.
Maryse Condé a éveillé en moi une passion dévorante pour la lecture. Dès les années 80, alors que je servais dans l'armée en Guadeloupe, j'ai découvert cette immense écrivaine et plongé dans ses romans. "Ségou" est indéniablement son chef-d'œuvre. Avec une puissance narrative exceptionnelle, elle a exploré les thèmes de l'esclavagisme et du colonialisme. Ses personnages féminins, souvent victimes, ne manquent jamais de lutte et de résilience. Elle a brillamment exposé les conditions des femmes antillaises au sein du système patriarcal et colonial. "Moi, Tituba sorcière...", préfacé par Angela Davis, illustre également son engagement et son talent critique. Merci, Maryse, pour tes romans enrichissants et ta perspicacité. Tu demeureras l'une des intellectuelles antillaises les plus éminentes. Que ton âme repose en paix.