Aimer le prophète saws
Avant toute chose, il convient de rappeler combien l'amour du prophète saws est et doit rester une aspiration naturelle pour chacun de nous. Le Coran et la sunnah exaltent et incitent le croyant à l'amour d’Allah et de son Prophète ; il suffit de citer ce hadith rapporté par Anas : « Aucun de vous n’est véritablement croyant, tant que je ne suis pas plus cher pour lui que sa propre âme » (lâ yu‘minu ahadukum hatta akuna ahabba ilayhi min nafsihi). Abû Sufyan, alors qu’il était encore parmi les opposants à l’islam naissant témoigna dans ce sens : « je n’ai jamais vu des hommes aimer autant un homme comme les compagnons du prophète aimèrent celui-ci ».
"Il est l’homme parfait, la pleine lune (Badru tammam), en lui s’épiphanise (tajallî) la Vérité. La pleine lune est une désignation de la lumière muhammadienne (nur al-muhammadi), par laquelle est dévoilé la beauté de l’Essence divine. Elle est celle à laquelle aspire l’amoureux et le disciple de la voie soufie par un désir ardent. Et c’est en s’identifiant à cette lumière Muhammadienne, «reflet de Dieu et récapitulation cosmique de la création » que la contemplation d’Allah est la plus parfaite, car Muhammad est la plus parfaite des créatures(Khayr al-bariyya) et comme le dit Ibn Mashish dans la salat al-mashashiyya, et il est «… le voile suprême tendu devant la Face divine… »"
L'amour du prophète saws, tout comme l'amour d'Allah, c'est aussi le désir de sa noble face, de sa proximité... On rapporte qu'un homme alla rencontrer un savant, et lui demanda "Oh cheikh, je désire ardemment rêver du prophète saws, que faire ?".
Le savant lui répondit en ces termes : "abstiens toi de boire ne serait ce qu'une goutte d'eau jusqu'à nouvel ordre, ainsi tu auras ta réponse".
L'homme, conformément aux conseils du savant, s'abstint de boire pendant plusieurs jours, puis revint au savant désemparé et inquiet. Le savant l'écouta attentivement.
"O cheykh, voilà plusieurs jours déjà que je n'ai bu une seule goutte d'eau, et sans cesse je refais les mêmes rêves, sans y voir une seule fois le prophète saws!"
"Et quels rêves fais tu?"
"Je rêve de rivières, de marées, de sources, de gourdes pleines d'eau, tant ma gorge est sèche et mon désir ardent de boire à nouveau une gorgée !"
"Ami ! Dès lors que ton corps, ton âme, ton esprit tout entier réclameront le prophète saws, que tes membres, ton coeur, tes sens pleureront sa disparition de même qu'ils ont pleuré la privation de l'eau, tu verras en songe l'aimé !"
Le besoin du coeur pour le prophète saws doit être tel celui du corps pour les substances vitales que sont l'eau ou la nourriture ! Chacune de nos pensées doivent s'orienter vers lui en tant que manifestation de la lumière divine ! il doit être plus cher pour chacune de nous que pères, mères, enfants, famille !!
L'amour d'un être engendre nécessairement le désir de voir sans cesse son visage, d'acquérir une proximité physique et spirituelle, et c'est en ce sens qu'une description physique de l'aimé est parfois si importante.
Sayyida 'Aisha, l'epouse du prophète, qu’Allah soit satisfait d'elle, le décrit comme étant plus beau que le prophète Joseph pour qui les épouses des ministres du pharaon se coupèrent les mains à cause de sa belle apparence. Elle a dit : « Si les amies de Zulayka avaient vu le visage béni du messager d'Allah, l'éloge et la paix soient sur lui, elles auraient coupé leurs coeurs au lieu de leurs mains ! »
Une partie de la beauté intérieure du prophète Muhammad s'est manifestée extérieurement et a illuminé son être même. Kurtubi, un grand savant de l'Islam, a dit que si sa beauté entière avait été rendue manifeste, il aurait été impossible que quiconque puisse le regarder.
Al Qadhi 'Iyyad rapporte qu'Al-qâdî Abû Alî al-Hussein lui a rapporté, d’après une chaîne de transmetteurs qui remonte jusqu’à al-Hassan Ibn Alî Ibn Abî Tâlib :
J’ai interrogé mon oncle Hind Ibn Abî Hâla qui était doué pour la description sur l’aspect physique de l’Envoyé de Dieu afin qu’il me le décrive et que je m’attache à ses paroles. Il m’a répondu par ceci:
"L’Envoyé de Dieu était magnifique et superbe. Son visage avait l’éclat de la pleine lune. Il était plus grand que l’homme trapu et moins grand que l’homme longiligne. Doté d’une grande tête, il avait une chevelure légèrement ondulée, qui ne dépassait pas les lobes de ses oreilles lorsqu’il la laissait pousser.
Il avait le teint éclatant, le front large, les sourcils longs et fins ; ses sourcils étaient fournis sans se toucher, car il y avait entre eux une veine qui charrie la colère. Il avait le nez aquilin et lumineux et celui qui ne le regarderait pas attentivement le trouverait trop long. Doté d’une barbe bien fournie, il avait de grands yeux noirs, des joues émaciées, une grande bouche ornée d’une belle dentition, des poils de poitrine très fins. Son cou était semblable à la nuque d’une statue qui a la pureté de l’argent.
Doté d’une constitution bien équilibrée, il avait un corps solide et ferme, sans déformation entre la poitrine et le ventre, avec des épaules larges et de gros os aux extrémités. Sa peau était claire. Le haut de sa poitrine était lié à son nombril par des poils fins qui formaient une ligne continue. Il était poilu au niveau des bras, des avant bras et du haut de la poitrine, avec des paumes larges, des mains et des pieds charnus, des doigts longilignes, des membres sans défaut, des plantes de pied régulières et lisses sur lesquelles l’eau glissait, il effectuait ses pas posément et marchait dignement.
Il était rapide dans sa marche. Lorsqu’il marchait, c’est comme s’il descendait une pente et lorsqu’il se retournait, il le faisait avec tout son corps. La plupart du temps, son regard était baissé. Sa manière de voir était pour l’essentiel de la réflexion, sans chercher à fixer ce qu’il regardait. Il poussait ses Compagnons devant lui et commençait par saluer celui qui le croisait."
La description physique du Prophète (PSL) par Abou Jouhayfa: Les gens saisissaient les deux mains du Messager de Dieu - quand il était à Bathâ' Makkah - et les passaient sur leurs visages. Le narrateur du récit, Abou Jouhayfa dit : "J'ai pris sa main et je l'ai posée sur mon visage. Elle était plus fraiche que la glace et avait une odeur plus agréable que le musc". (al-Boukhâri)
La description physique du Prophète (PSL) par Abou Yazîd: Les gens se sont assemblées en foule près du Messager de Dieu, après la prière du sobh, à Hajjat Al-wadâ'; Abou Yazîd, par sa force et sa jeunesse, a pu parvenir jusqu'au Messager de Dieu (PSL). Il saisit sa main et la posa sur son visage et sa pointrine: il trouva que rien n'était plus frais ni ne sentait meilleur que sa main. (Ahmad)
Comment faire donc ? Voici trois histoires de la Sirah qui vous donneront un léger aperçu de toute la beauté du prophète saws. A chaque fois que vous voulez voir le visage du Prophète, n’hésitez pas à vous rappeler ces trois histoires-là :
• La première histoire est à propos de AbdAllah Ibn Salam qui était un grand rabbin juif. Il connaissait la description de l’ultime prophète. Ce personnage n’avait jamais vu le Messager (BP sur lui) auparavant et avait préparé pour sa rencontre avec Mohammad dix questions qui lui permettraient d’affirmer ou d’infirmer s’il s’agissait bien du dernier prophète, conformément à la description dont il disposait. En compagnie de son fils, il se rendit chez le Prophète (BP sur lui) et dès qu’il l’aperçut, il dit sans l’interroger : « Cet homme est certes le Messager d’Allah ». Une telle affirmation prend source dans l’apparence même du Prophète, du simple regard porté à son visage. S’adressant à son fils qui le pressait à poser ses questions, il dit : « Mon fils, ceci n’est point le visage d’un menteur ».
• La deuxième histoire est celle de Jaber Ibn AbdAllah. Il raconte qu’il faisait une promenade dans Médine en une nuit de pleine lune. Il admirait l’astre et sa lueur magnifique lorsqu’il vit apparaître de la même direction que la lune, le Prophète (BP sur lui). Il se mit alors à regarder alternativement la lune et le visage du Prophète (BP sur lui) avant de dire : « Le Prophète est à mes yeux encore plus beau que la lune même ». Le visage du Prophète réfléchissait en effet une lumière surnaturelle.
• La dernière histoire à ce propos est celle de AbdAllah Ibn Rawaha qui était un poète d’une éloquence sans égale. On lui a demandé de décrire le Messager (BP sur lui). Ses paroles étaient : « Quand tu vois venir de loin le Prophète (BP sur lui), tu te dis que le soleil s’est levé ». Le savez-vous ? Le Prophète (BP sur lui) est venu au monde au lever du jour pour annoncer en fait une renaissance de la terre entière.
Al-Hassan rapporte : J’ai dit à mon père (saydunna 'ali) : Décris-moi sa façon de s’exprimer Il m’a dit:
L Envoyé de Dieu était constamment triste et absorbé par la réflexion et la méditation sans connaître le moindre répit. Il ne parlait que par nécessité et gardait longuement le silence.
Il commençait et terminait ses phrases en usant de paroles globales et tranchantes, sans affectation ni insuffisance. Affable, il n’était ni grossier, ni offensant. Il estimait le bienfait même s’il était minime et ne discréditait rien. Il ne blâmait, ni ne louait aucun goût. Rien ne pouvait faire face à sa colère lorsqu’il était question de droit et de vérité jusqu’à ce qu’il les fasse triompher. Il ne s’emportait pas pour lui-même et ne cherchait pas à obtenir gain de cause. Lorsqu’il faisait un signe, son geste était complet.
Lorsqu’il s’étonnait, il retournait sa main et lorsqu’il pariait, il touchait sa paume gauche avec son pouce droit. Lorsqu’il se mettait en colère, il tournait le visage et lorsqu’il se réjouissait, il baissait le regard. Son rire était essentiellement un sourire qui dégageait des dents éclatantes comme les grains blanchâtres des nuages."
Al-Hassan ajouta: J’ai gardé cela un moment, puis j’en ai parlé à mon frère al-Hussein Ibn ‘Alî et j’ai constaté qu’il m’avait devancé à ce sujet. En effet, il avait interrogé son père sur les entrées de l’Envoyé de Dieu, ses sorties, ses séances et son physique. Son père lui en avait tout dit. AI-Hussein a donc rapporté ceci: J’ai interrogé mon père(l'imam 'Ali )sur les entrées de l’Envoyé de Dieu et il m’a répondu en ces termes:
"Ses entrées chez lui s’effectuaient par autorisation divine. Lorsqu’il se retirait dans sa maison, il répartissait son temps en trois parts: Une part pour Dieu, une part pour ses épouses et une part pour lui-même. Ensuite, il divisait sa propre part entre lui-même et ses rapports avec les gens, en s’occupant des gens du commun grâce aux services des gens de l’élite et en n’économisant rien à leur détriment.
Sa gestion de la part du temps réservé à la communauté consistait, entre autres, à accorder ses préférences aux gens selon le degré de leur mérite en matière de religion, car certains avaient un seul besoin à satisfaire et d’autres en avaient deux ou plusieurs. Il s’occupait d’eux et les occupait à servir leurs intérêts et ceux de la communauté en s’enquérant d’eux et en les informant de leurs devoirs. Il disait a ce propos:
"Que ceux d’entre vous qui sont présents informent ceux qui sont absents. Transmettez les besoins de celui qui ne peut pas me les transmettre. Car celui qui transmet aux dépositaires du pouvoir les besoins de celui qui ne peut pas les transmettre, Dieu le soutiendra au Jour de la Résurrection.’
Al-Hussein ajouta: Informe moi de ses agissements dans les rapports publics. Il m’a dit:
L’Envoyé de Dieu gardait sa langue, sauf pour tout ce qui était dans les intérêts des membres de sa communauté, pour les rapprocher et éviter de les diviser. Il honorait les hommes généreux de chaque groupe, leur confiait les responsabilités, mettait les gens en garde, restait vigilant à leur égard sans cacher sa bonté et son bon caractère, de crainte que les membres de sa communauté ne deviennent insouciants ou ne soient touchés par la lassitude.
Il s’occupait de ses Compagnons, confirmait ce qui est bon et l’améliorait, blâmait ce qui est mauvais et le rabaissait, recherchait l’équilibre dans la gestion des affaires en évitant les désaccords et les contradictions. Il affrontait chaque situation avec les armes appropriées sans se départir de la vérité ou la contourner. Ceux qui le représentaient parmi les gens sont ceux qui étaient les meilleurs, et les meilleurs d’entre eux auprès de lui sont ceux qui prodiguaient le plus de conseils aux gens.
Enfin, ceux qui jouissaient de la plus grande place auprès de lui étaient les plus compatissants et attentifs aux autres"
Al-Hussein ajouta encore: Je l’ai alors interrogé sur les séances qu’il tenait et ce qu’il y faisait. Il m’a répondu par ceci:
"L’Envoyé de Dieu ne s’asseyait et ne se levait au cours des séances qu’il tenait qu’après avoir mentionné Dieu. Il ne choisissait pas une place particulière. Lorsqu’il rejoignait des gens déjà assis, il se mettait là où il y avait de la place et il ordonnait qu’on fasse de même.
Il accordait à celui qui s’asseyait avec lui la place qui lui convenait, au point qu’il croyait être le seul individu honoré de la sorte. Avec celui qui s’asseyait auprès de lui ou le fréquentait pour avoir quelque chose, il se montrait patient jusqu’à ce qu’il s’en aille le premier. A celui qui lui demandait quelque chose, il ne le renvoyait qu’après l’avoir satisfait ou lui avoir répondu par des propos agréables.
Supportant les gens grâce à sa tolérance et à son bon caractère, il semblait pour eux comme un père, car ils étaient pour lui égaux en droit, proches et ne se distinguant que par le degré de la crainte révérencielle."
Al-Hussein ajouta aussi: Je l’ai alors interrogé sur son attitude envers ses interlocuteurs. Il m’a répondu par ceci:
L’Envoyé de Dieu était constamment souriant et affable, de caractère docile, agréable à fréquenter, sans être grossier, vulgaire, obscène, criard, diffamateur ou flatteur. Il fermait les yeux sur ce qu’il n’aimait pas et ne faisait pas désespérer ceux qui cherchaient conseil à ses côtés.
Il a évité trois choses: la duplicité, le fait de multiplier les paroles et le fait de s’occuper de ce qui ne le concernait pas. Il s’était départi de trois choses à l’égard des gens: Il ne blâmait et ne raillait personne, ne scrutait pas les défaillances et ne parlait qu’en vue du bien et de la récompense future. Lorsqu’il se mettait à parler, ceux qui formaient son auditoire baissaient la tête et restaient immobiles et silencieux. Ils ne prenaient la parole que lorsqu’il gardait le silence, sans se disputer en sa présence. Ils écoutaient attentivement jusqu’à la fin celui qui parlait en sa présence.
Leur conversation gardait l’empreinte de celui qui l’a commencée. II riait de ce qui les faisait rire et s’étonnait de ce qui provoquait leur étonnement.
Il patientait devant l’hostilité du ton de l’étranger et disait: Lorsque vous voyez celui qui recherche son argument, soutenez-le. Il ne recherchait le compliment que de Celui qui récompense et ne coupait la parole à personne jusqu’à ce qu’il estime son discours achevé, soit en cessant de parler, soit en se levant."
Ici se termine le hadîth que rapporte Sufyan Ibn Waki’.
Dans une autre version al-Hussein ajoute ceci: Je l’ai interrogé sur le silence de l’Envoyé de Dieu et il m’a dit ceci:
Il gardait le silence en vertu de quatre choses: par mansuétude, par vigilance, par considération et par réflexion. S’agissant de sa considération, elle portait sur la justesse de l’examen et l’écoute des gens.
Quant à sa réflexion, elle portait sur ce qui est contingent et ce qui est impérissable.
La mansuétude a été concentrée pour lui dans la patience. Ainsi, aucune chose qui le provoquait n’arrivait à déclencher sa colère. De même, la vigilance a été réduite pour lui dans quatre choses:
Son adoption de ce qui est bon pour qu’on se conforme à lui, son abandon de ce qui est mauvais et laid pour qu’on cesse de le faire, le recours à l’opinion pour tout ce qui améliore sa Communauté et le fait de s’occuper d’elle pour tout ce qui porte sur les affaires du bas monde et de la vie future.
Qu'Allah augmente dans nos coeurs l'amour du bien aimé !