Il fallait à ce poème une nouvelle traduction qui par son souffle et sa musicalité parvienne à rendre cette ascension spirituelle lumineuse, vibrante et universelle. La traduction en vers de Leili Anvar restitue la dimension poétique du texte original et révèle sa puissance symbolique. Le résultat est sublime, fidèle à la lettre et à l’esprit d’‘Attâr.
Que sais-tu du chemin que toi, tu devras suivre ?
Que sais-tu de la Voie qui te mènera à Lui ?
Quand tu recherches à le voir révélé, il se cache
Quand dans le caché tu le recherches, il se révèle
Sache qu'il se cache si tu le veux manifeste
Se donne manifeste si tu le veux caché
Et si tu Le recherche révélé et caché
Comme il est sans pareil, il n'est ni l'un ni l'autre
Si tu n'as rien perdu, il ne faut rien chercher
Quand on ne peut rien dire, il ne faut point parler…
Ce que tu dis, ce que tu sais, ce n'est que toi
Connais-toi donc toi-même pour être cent fois toi
Mais Lui, connais-Le par Lui-même et non par toi
Car Lui ouvre la Voie vers lui, pas ta raison…
Chaque atome des mondes n'est pour toi qu'illusion
Ce que tu sais n'est jamais Dieu, mais ton idée...
Qu'est-ce que l’âme ? Une amante en errance de lui
Et le cœur ? Un soufrant, ensanglanté pour Lui
Ne dis pas "Lui", tu ne saurais Le désigner
Ne souffle mot puisqu'il ne saurait être dit
Toi qui est fils d'Adam, tout pétri d'ignorance
Sois digne de ton Père et acquiers sa science
Tous les êtres que Dieu a créés du néant
Se sont tous prosterné devant Lui, l'adorant...
Extraits : Le Cantique des Oiseaux